Accompagnement en solutions de mobilités durables
Quelque forme qu’ils revêtent, solide, liquide ou gazeuse, les biocarburants sont issus de la matière organique. La forme solide correspond au bois-énergie, aussi nous intéresserons-nous, dans la suite de l’article, uniquement aux formes liquide et gazeuse. Cette définition, peu précise, appelle quelques éclaircissements quant à leur nature. Les biocarburants de première génération sont issus de produits comestibles, et entrent en concurrence directe avec l’alimentation des êtres humains. En revanche, les biocarburants de seconde génération font appel à de la matière organique non-alimentaire, telle que la matière ligneuse, la paille et les résidus agricoles ou forestiers. Produire un agrocarburant quand une partie de l’humanité ne mange pas à sa faim constitue d’ores et déjà un écueil éthique.
Il convient de rappeler ici la hiérarchie des déchets, telle qu’elle est définie par le Parlement européen : la valorisation de la matière, par exemple dans le cadre du compostage, est prioritaire par rapport à la valorisation énergétique [1]. Le cadre étant posé, il paraît raisonnable d’utiliser la biomasse car sa combustion ne fait que relâcher le dioxyde de carbone que la croissance de la plante a permis d’absorber. Il semblerait donc s’agir d’une opération neutre en matière de CO2, n’était le changement d'usage des sols [2]. En effet, les cultures énergétiques entravent de bonnes pratiques telles que la jachère, et le maintien sur pied d’arbres multi-centenaires retient plus sûrement le carbone que la plantation de jeunes arbres encore frêles, quand elles ne conduisent tout simplement pas à la disparition de forêts entières. Rappelons que l’état de la forêt amazonienne est source d’inquiétude pour les scientifiques [3].
Nous pouvons ici énumérer pêle-mêle quelques autres problèmes soulevés par les cultures énergétiques : intrants phytosanitaires, prélèvements d’eau, perte de biodiversité. Même si la nature a inventé l’extraordinaire photosynthèse, indispensable à la vie telle que nous la connaissons, la photosynthèse reste cependant moins efficace en matière de densité surfacique de puissance que les solutions électriques offertes notamment par le photovoltaïque [4] [5]. L’association The Shift Project préconise d’ailleurs un recours limité au bois-énergie pour les raisons que nous avons évoquées [6].
Il est néanmoins des biocarburants acceptables, à savoir les huiles alimentaires usagées, collectées localement, et le biogaz, à condition que les méthaniseurs soient de petite taille. De trop grandes installations génèrent une noria de camions (la hiérarchie des déchets n’est plus respectée), leurs digestats polluent l’eau et les sols, et la population risque bien de ne pas les accepter [7].
[1] Parlement européen : Directive relative aux déchets
[2] Association Canopée: Biocarburants
[3] Reporterre : Amazonie
[4] Bernard Favre, Les transports durables, ISTE éditions, 2014, ISBN 978-1-78405-020-7
[5] Wikipedia : Densité surfacique de puissance
[6] The Shift Project : Habiter dans une société bas-carbone
[7] Wikipedia : Biogaz
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